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19 mars 2017 7 19 /03 /mars /2017 14:48
Marie 4 novembre 1943

Marie 4 novembre 1943 Thomas Degré > ETT/ Territoires Témoins Collection Dépendances.

 

 

Préface

 

Peu nombreux, mais ô combien émouvants, sont les témoignages

de ceux qui n’ont pas échappé à la Shoah et qui ont

écrit ce qu’ils ressentaient au moment même où ils le vivaient.

Plus nombreux sont les témoignages de ceux qui ont traversé

la Shoah et lui ont survécu. Rares sont les romans qui avec

sensibilité, délicatesse et pudeur abordent ce domaine dont

n’émerge souvent que l’horreur absolue dont il est porteur.

Le roman de Thomas Degré tient à la personnalité de

son héros, François, qui n’est pas un héros, mais un Parisien

d’adoption, originaire de la Creuse, où il a passé son enfance ;

un jeune homme solitaire inapte à un bonheur qu’il fuit dès

qu’il risque d’être submergé par lui et qui ressent la panique

le gagner à l’idée de le perdre. De retour dans la Creuse chez

son père - le récit se situe en 1981 -, il découvre une photo

datant de 1943 où il se reconnaît avec trois autres enfants,

Georges, Pierre et Marie. Il apprend qu’il s’agit de trois petits

juifs qui ont été déportés et que Marie avait été son inséparable

amie et son premier amour. Il partira alors à la recherche de

l’inexplicable amnésie qui l’a privé du souvenir de Marie ; il

en découvrira la raison et il comprendra enfin pourquoi il

s’était privé d’un bonheur qu’il finira par partager avec une

autre Marie.

L’enquête que François a menée pour apprendre la vérité

l’a conduit au Mémorial du martyr juif inconnu de 1981,

aujourd’hui Mémorial de la Shoah ; chez les Amis de Yad

Vashem et chez moi-même. Il dépeint remarquablement les

« braves gens » de la Creuse, les Justes qui ont sauvé tant de

Juifs pourchassés. Grâce à François, les enfants Deutsch, dont

j’ai publié la photo il y a plus de vingt ans, accèdent à une

existence posthume plus riche que celle de la vision de leurs

seuls visages et de leurs noms dans un mémorial. C’est le

miracle du romancier que de ressusciter ces ombres qui ont

à peine eu le temps de vivre quelques années avant de périr

assassinées par la haine anti-juive. Merci à Thomas Degré

d’avoir écrit ce beau et grave roman.

 

Serge Klarsfeld

17 janvier 2017

 

Note de l’auteur

 

Il faut croire qu’après De Budapest à Paris, récit autobiographique

publié en 2012, je n’en avais pas tout à fait terminé avec

l’histoire de Nicolas Deutsch, un homme que j’ai bien connu.

Voilà donc cette fois un roman inspiré du drame qu’il a subi et

qui avait nourri le récit. Un roman où il est question d’amour,

de culpabilité, de mémoire abolie et de souvenirs libérateurs. Un

roman qui est aussi un hymne de reconnaissance aux Justes et à

tous les héros de l’ombre qui savent tendre la main aux victimes

de la barbarie, de toutes les barbaries.

Si le coeur de l’intrigue est, à quelques détails près, authentique,

tout le reste est invention. J’ai, en particulier, permuté pour les

besoins de la fiction les années de naissance de Marie et de Pierre,

deux des trois enfants de Nicolas Deutsch. Tous trois ont été

déportés et gazés à Auschwitz avec leur mère et leur grand-père.

Que me soit pardonnée cette entorse à la réalité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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